Comme pas mal de gens de ma génération, j’aurais bien acheté une NES Classic Mini à sa sortie fin 2016. Et je n’ai pas eu la chance d’en voir la couleur, comme la plupart de ceux qui ont eu la même idée que moi. Peine perdue : plus forte que la Game Cube et la Wii U réunie, la NES Classic Mini est la console Nintendo – et la console tout court d’ailleurs – dont la durée de vie aura été la plus courte : à peine plus de six mois.
Mais je n’avais pas attendu l’arrêt de sa commercialisation pour voir mes petits camarades me parler déjà de l’option Recalbox. Alors dépité et frustré de ne pouvoir mettre la main sur cet énième produit Nintendo constamment en rupture de stock, j’ai moi aussi investi dans ce nano ordinateur censé apporter la solution à mes envies de retrogaming en HD.
C’est quoi Recalbox ?
Recalbox n’est pas une solution toute faite comme l’est la NES Classic Mini, qui se suffisait à elle même : on branche et on joue aux jeux intégrés. Recalbox est en réalité une distribution Linux exécutée sur le Raspberry Pi, fameux nano ordinateur destiné à l’éducation, et rapidement détourné vers de nombreux projets, dont celui de le transformer en console de jeu rétro.
Il vous faut donc un Raspberry Pi. Et attention : un Raspberry Pi, c’est une petite carte mère toute nue, vendue avec une carte Micro SD et rien de plus. Heureusement, on trouve de multiples kits incluant tout le nécessaire : un boitier (ça peut servir), une alimentation au format Micro USB, voire un clavier bluetooth, qui peut avoir son intérêt si vous prévoyez de lancer des jeux Amstrad CPC, Spectrum ou Atari ST.
L’installation de Recalbox est simple :
-télécharger le système ici
-Décompresser le dossier
-Copier tous les fichiers du dossier sur une carte Micro SD formatée en FAT32
-Insérer la carte dans le Raspberry Pi et le laisser installer la chose comme un grand
Il vous faudra aussi une manette, et là Recalbox reconnaît à peu près tout, et sans effort. L’option la plus directe que j’aie trouvée, parce que j’en avais une sous la main, est une Dual Shock 3. Le temps de remettre la main sur ce fichu câble Mini USB, de la brancher, et elle était déjà configurée ! On peut même l’utiliser en Bluetooth, mais attention : la dernière version stable en date (4.0.2 au moment où j’écris ces lignes) ne prend pas en charge le Bluetooth intégré du Raspberry Pi 3. Il vous faudra donc un dongle, et le Pi ne semble pas capricieux en la matière. Pour les besoins de cet article, je suis passé sur la version 4.1, encore instable.
Si vous cherchez des informations plus détaillées sur l’installation de Recalbox, vous pouvez trouver un tutoriel exhaustif et riche en vidéos explicatives chez Oui Are Makers.
Premier démarrage
Voilà qui me permet d’enchaîner sur ce qui fait la force de Recalbox par rapport à une solution plus personnalisable, mais aussi plus complexe comme Retropie : sa maturité et son accessibilité. Tout marche sans avoir à mettre les mains dans le cambouis. L’interface est sobre, aux couleurs des différentes machines émulées, représentant leurs logos et leurs formes. Les manettes sont facilement reconnues, c’est du plug’n’play presque intégral. Il n’y a que la configuration Wi-Fi, entièrement manuelle (saisie à la main du réseau et de la clé) qui jure dans le processus. On se croirait sur une console Nintendo.
#sarcasme.
La recherche des métadonnées des jeux (jaquette, capture, nom, description…) donne des résultats variables selon les ROMs utilisées. La version 4.1 utilise une nouvelle source, Screenscraper, qui m’a paru plus fiable et consistante, mais des erreurs de jaquette apparaissent malgré tout.
On joue à quoi ?
Voilà le moment tant attendu du petit disclaimer. On ne doit pas télécharger des roms dont on ne dispose pas de l’original, c’est mal. Pas aussi mal que de juger les gens sur leur religion, sur leur origine sociale ou sur leur nationalité, mais mal quand même. Après, chacun met sa limite morale là où bon lui semble. Moi, j’ai décidé de manière fort arbitraire et pas plus légale, de me limiter à tous les jeux que j’ai achetés, physiquement ou en dématérialisé (Virtual Console, Xbox Live Arcade…). Ça me permetde me focaliser sur un nombre (relativement) réduit de jeux, et ça facilite la phase, parfois fastidieuse, de récupération des métadonnées, pour ceux qui aiment faire les choses bien.
Ceci dit, voici la liste des systèmes actuellement pris en charge sous Recalbox 4.0 :
-Playstation 1
-Nintendo 64
-NES
-Super NES
-Gameboy/Gameboy Color
-Virtual Boy
-Game & Watch
-Gameboy Advance
-Sega SG 1000
-Sega Master System
-Megadrive
-Game Gear
-NEC PC Engine
-Neo Geo
-Neo Geo Pocket
-Wonderswan
-Arcade
-MSX
-ZX Spectrum
-ZX 81
-Atari ST
-Amstrad CPC
-Atari 2600/5200/7800
-Atari Lynx
-Vectrex
-Videopac
-ScummVM (jeux d’aventure LucasArts, notamment)
Ca fait déjà du monde, et d’autres systèmes arrivent avec la version 4.1 : la Dreamcast, la PSP, DosBOX (émulation de tous les vieux jeux PC sous MS-Dos), le Commodore 64 ou encore la Colecovision.
Si vous souhaitez rester dans une sorte de semi-légalité, vous le pouvez : de nombreux jeux non officiels continuent à être régulièrement développés pour tous ces systèmes, et l’installation de Recalbox en inclut quelques-uns.
Et ça tourne comment ?
Le Raspberry Pi 3, que j’utilise, est un épatant petit ordinateur : remontez ne serait-ce que 5 ans en arrière, et imaginez qu’on puisse acheter un PC équipé d’un processeur 64 bits quadricœurs pour un peu plus de 40 euros ? Impensable !
Pourtant, il faut poser les limites de ce que peuvent faire (ou pas) les émulateurs associés à Recalbox sur un matériel qui reste modeste malgré tout. En gros, on peut regrouper les machines en trois catégories.
Pour tout ce qui va de l’Atari 2600 à la Super NES, ou même l’arcade 2D relativement récente, ça passe sans aucun problème particulier. J’ai pu noter quelques images sautées ici ou là, sans que ce soit gênant.
Il faudra tout de même se contenter d’un rendu pas toujours adapté à des jeux conçus pour être visualisés sur un écran CRT. Le but de cet article n’est pas de détailler les possibilités de connexion du Raspberry Pi à de tels écrans : partons du principe que vous voulez utiliser votre Recalbox sur votre TV HD. Forcément, les jeux apparaissent très pixellisés vu leur résolution originale nettement inférieure.
Un filtre Retro simule les scanlines des vieux écrans, ou les LCD à gros pixels pour les jeux portables. Il est assez discret, sans doute un peu trop, mais a l’avantage de consommer très peu de ressources. En passant par des « shaders » plus évolués, on peut obtenir un rendu plus fidèle, mais la fluidité en prend un coup.
La génération PS1/N64 présente des résultats plus divers. La console de Sony est très bien émulée, et propose même un mode haute résolution, là encore parfois au prix de performances un peu amoindries. En revanche, la Nintendo 64 pose déjà quelques problèmes de fluidité, pas trop gênants, mais perceptibles.
La version 4.1 ajoute l’émulation Dreamcast, et si c’est peut-être un bon pari sur l’avenir du Raspberry Pi, la configuration actuelle est totalement insuffisante pour jouer de manière fluide. Même en poussant le processeur à fond via les options d’overclocking (déconseillé car pouvant entrainer des instabilités), on note de grosses chutes de framerate dans un jeu comme Sonic Adventure 1, et je ne parle pas du 2, initialement en 60 images par secondes.
La meilleure alternative à la NES Mini ?
En l’absence de la NES Mini, un Raspberry Pi3 et Recalbox peuvent faire l’affaire. Si c’est précisément cette génération de consoles, ou la suivante, que vous souhaitez redécouvrir sur votre téléviseur de salon, Recalbox n’est peut-être pas la solution la plus personnalisable, mais c’est sans doute le meilleur compromis entre simplicité d’utilisation, performances et mobilité. Il faudra malgré tout faire avec les particularités du Pi, comme son absence d’interrupteur.
Ce n’est pas, pour autant, votre seule option, et vous l’avez peut-être déjà dans votre salon. Les box ou téléviseurs Android TV, pour peu qu’ils soient assez performants, peuvent tout à fait être utilisées pour l’émulation, en particulier 8 ou 16 bits.
Les émulateurs sur PC ou Mac ont également fait de nets progrès et ne sont plus la jungle qu’ils étaient autrefois. Retroarch, utilisé par Recalbox, est disponible pour Windows, et les utilisateurs de Mac peuvent se tourner vers l’excellent OpenEmu, qui gère un nombre croissant de systèmes, à condition de se cantonner aux consoles.
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