Nintendo vient d’annoncer quelques détails sur son futur service de jeu en ligne payant. Parmi ces détails, il y a le report du service à 2018 (bouh !), mais aussi et surtout du nouveau sur le contenu premium : une « collection » de jeux NES à usage illimité. L’annonce déboule un jour à peine après le lancement du Xbox Game Pass de Microsoft, permettant pour un abonnement mensuel de jouer à plus de 100 jeux Xbox One et Xbox 360. Le modèle SVOD est-il le nouveau moyen de fidéliser les joueurs ?
La Nintendo Switch a été lancée dans l’urgence, c’est un fait. Si on était mauvaise langue, on pourrait même dire que c’est une bêta publique pour les fans de Nintendo, tant ses services sont réduits à leur plus simple expression. C’est dire : une mise à jour de la boutique eShop a récemment apporté la possibilité de mémoriser son numéro de carte de crédit !
Parmi les grands absents du lancement, la possibilité de jouer aux classiques de Nintendo et d’autres constructeurs via la Virtual Console est un des plus remarqués. Pourtant, ce service lancé avec la première Wii laissait franchement à désirer : des jeux vendus individuellement, et surtout impossibles à installer sur plusieurs machines Nintendo. Vous avez acheté Super Mario World ou Legend of Zelda sur Wii U ? Rachetez le sur 3DS !
A la sortie de la Switch, et pour calmer les mécontents de l’annonce d’un service de jeu en ligne payant après des années de gratuité, Nintendo avait annoncé que l’abonnement offrirait la possibilité de jouer, pendant un mois, à un classique NES ou SNES gratuitement, avec option d’achat définitif, et changement du jeu en question tous les mois.
L’annonce du 1er juin modifie et éclaircit (un peu) le message. Le prix, tout d’abord, est officiel : 19,99 dollars par an, ou 3,99 dollars par mois ! Nettement en dessous de ce que propose Sony et Microsoft. En ce qui concerne les jeux offerts, s’agirait finalement d’une « compilation » de titres, tous issus de la NES dans un premier temps, et accessibles sans limite. Un buffet de Mario, Metroid et autres Zelda à volonté. A ceci près qu’on ne connaît pas le nombre de jeux, simplement que Super Mario Bros 3, Balloon Fight et Dr Mario en feront partie. Et la Super NES ? Nintendo réfléchirait sur le sujet. Et le flou est tout aussi intégral sur l’évolution de ce service : d’autres jeux seront-ils ajoutés ? Ou retirés ? À quel rythme ?
Je dis ça, je ne dis rien : Nintendo a récemment arrêté la commercialisation de sa NES Classic Mini, et il se murmure qu’une Super NES Classic Mini serait dipsonible pour les fêtes de fin d’année. Je ne serais pas étonné que la collection en question soit tout simplement la sélection intégrée à la défunte console introuvable. De toute façon, tout ça n’arrivera qu’en 2018, alors en attendant, Recalbox est votre ami. 😉
YOU… CAN PASS !
Mais revenons à notre buffet, car Nintendo n’est pas le seul à aller dans cette direction. Microsoft y est même déjà, avec son Xbox Game Pass lancé également hier. Le principe est simple : vous payez un abonnement de 9,99 euros par mois (c’est plus cher !), et vous avez accès à une centaine de jeux de manière illimitée, évidemment jusqu’à expiration de votre souscription.
Le cas Microsoft est intéressant. La firme de Redmond a indéniablement raté le lancement de sa Xbox One en 2013, et cherche à corriger le tir depuis, en travaillant par tous les moyens à restaurer la confiance des utilisateurs. Et c’est en grande partie par les services que la reconquête passe, avec un certain succès. Depuis l’arrivée de Phil Spencer à la tête de la division Xbox, Microsoft a lancé plusieurs chantiers de fidélisation, dont le pari de la rétro-compatibilité. Tordant le cou au déclarations de son prédécesseur (« si vous voulez la rétro-compatibilité, c’est vous qui êtes rétrogrades »), Spencer a pu bénéficier d’un travail impressionnant des ingénieurs de Microsoft, parvenus à faire tourner sans accroc les jeux Xbox 360 sur une console certes plus puissante, mais d’une architecture assez différente.
La liste des jeux rétro-compatibles s’allonge toutes les semaines, avec des bénéfices évidents à la fois pour Microsoft et les utilisateurs. Pour les fidéliser, le service payant Xbox Live Gold propose déjà, depuis des années quatre jeux gratuits par mois : deux sur Xbox One, et deux sur Xbox 360. Depuis l’annonce de la rétro-compatibilité des jeux, Microsoft s’est engagé à ce que tous les titres 360 puissent être téléchargés et installés sur Xbox One.
Le Game Pass est une nouvelle initiative, distincte du Xbox Live Gold. Il faut s’acquitter d’un abonnement distinct, pour accéder au catalogue de quelques 100 jeux, qui se comportent exactement comme n’importe quel titre dématérialisé, à télécharger individuellement.
Dans le catalogue, on trouve évidemment beaucoup de jeux Xbox 360, mais pas que, et pas des fonds de tiroir ! Les quatre Gears of War « ancienne génération » (c’est à dire pas le 4) et le remake du premier, Halo 5, les trois Bioshock, NBA 2K 2016 ou Sunset Overdrive font partie du premier lot. Clin d’oeil à Nintendo ? On trouve aussi quelques compilations ou de remakes de jeux Megadrive, NES ou Nintendo 64 (Streets of Rage, Megaman , Banjo & Kazooie…)
Du vieux, surtout, donc, mais du bon vieux en grande partie. Est-ce à dire que le prix de 9,99 euros est justifié ? Ca dépendra essentiellement de la manière dont le catalogue tourne. Microsoft a déjà annoncé que de nouveaux titres feront leur apparition, mais aussi que certains disparaîtront pour laisser leur place. L’interface du service prévoit d’ailleurs un bouton pour acheter un jeu définitivement, parfois associé à une réduction.
Dans un cas comme dans l’autre il s’agit donc avant tout de rentabiliser un catalogue en fidélisant les utilisateurs autour d’un service. Parler d’un Netflix du jeu vidéo est plus que prématuré : c’est oublier que dans le modèle de Netflix, il y a House of Cards.
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