Apple s’est pris un petit coup sur la tête au dernier trimestre 2016. Censés apaiser les inquiétudes des utilisateurs professionnels, les nouveaux MacBook Pro annoncés en octobre n’ont fait que renforcer leurs craintes et leur sensation de ne plus être écoutés. Des produits au design parfaitement maîtrisé et aux innovations technologiques (TouchBar, Thunderbolt 3…) idéales pour faire figure de vitrine, mais aux spécifications oubliant, selon les intéressés, l’essentiel. La puissance brute. L’évolutivité. La compatibilité immédiate avec un écosystème d’accessoires existants. Un mauvais remake du Mac Pro 2013, le cylindre élitiste déjà brandi à l’époque pour calmer la grogne des « power users », et jamais mis à jour depuis, en plus d’être – assez mal – conçu à la base pour une toute petite niche.
La partie Mac du keynote de la WWDC 2017 semble indiquer qu’Apple a compris le message, et remis le Mac à la place qu’il doit occuper : celle d’une plateforme mûre, qui n’a pas besoin de vivre d’un catalogue d’innovations forcées par le service marketing. Le nouveau MacOS, High Sierra, rejoue la partition de Snow Leopard en 2009 : aucune nouveauté ou presque, que des optimisations.
Bon, ça n’est pas tout à fait la première fois que Apple se livre à ce remake : Mountain Lion, qui ouvrait le bal des mises à jour annuelles, ou El Capitan, jouaient déjà plus ou moins sur le même registre. Mais on sent avec High Sierra l’envie de remettre l’accent sur des évolutions de technologies internes susceptibles de rattraper le retard d’Apple, dans des secteurs tels que la réalité virtuelle ou la 3D en général.
Étonnant focus sur ce domaine où on n’attendait même plus vraiment Apple. Avec les API Metal 2 et leur compatibilité avec Steam VR, Unreal 4 ou Unity, le Mac redeviendrait une plateforme crédible pour créer du contenu VR. On note bien que l’accent est mis uniquement sur la production. La consommation de jeux ou d’applications VR n’était visiblement pas le sujet, et c’est logique quelque part : c’est une conférence de développeurs. Néanmoins, le fait de convier John Knoll de ILM et pas un grand ponte d’un éditeur de jeu n’est peut-être pas innocent non plus.
Les annonces matérielles poursuivent le même but. Qu’il y en ait autant est déjà évocateur en soi : Apple n’a pas mis le Mac à ce point au centre d’une WWDC depuis, justement, l’annonce du « fameux » ou « infamous » Mac Pro 2013. Il faut rassurer les utilisateurs déçus. Une première couche a été passée au préalable avec un briefing au sujet d’un futur Mac Pro, mais il est loin d’être prêt. Pour occuper le terrain, Apple a dans ses cartons une mise à jour substantielle des iMac au design rigoureusement identique, un petit refresh bien placé des MacBook et MacBook Pro, histoire de rappeler qu’Apple sait encore faire des mises à niveau de Mac plus d’une fois par an, et surtout, l’iMac Pro.
Visiblement pensé initialement pour être l’unique avenir du Mac de bureau destinés aux créatifs et développeurs, l’iMac Pro devient une première réponse aux mécontents, adaptée à ceux pour qui un ordinateur tout-en-un, aux possibilités d’extension limitées, n’est pas un frein, et l’intégration d’un écran 5K un atout. Les autres, ceux qui veulent de la modularité et des écrans externes, devront prendre leur mal en patience et attendre, au moins, 2018.
Le prix reste très dissuasif, et les configurations destinées à un public là encore très ciblé. S’il n’y avait pas la promesse de ce nouveau Mac Pro modulaire, on pourrait même se demander si Apple semble n’était pas en train de commettre la même erreur, en confinant dans un espace aussi réduit des composants aussi gourmands en énergie. En le positionnant comme une réponse intermédiaire, la firme de Cupertino se préserve des critiques tout en satisfaisant, au moins sur le papier, les plus pressés. Enfin pressés… Il ne sort malgré tout qu’en décembre. Comme le Mac Pro 2013. Espérons que ce ne soit pas un mauvais signe !
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