Depeche Mode : cover story #1 (1981-1984)

Depeche Mode revient en France. En 37 ans de carrière, le groupe électro pop de Basildon a enchainé succès et galères. Et sorti 14 albums, qui racontent une histoire par leur musique et par leur visuel. Et c’est justement sous ce prisme que l’on va observer leur parcours. Celui des grandes pochettes et des labels, vous savez, la petite illustration carrée qui s’affiche sur l’écran de votre smartphone quand vous écoutez un morceau sur Spotify ou Apple Music ? Fut un temps, pas si éloigné, où elle avait une importance. Les Anglais disent qu’on ne juge pas un livre d’après sa couverture. Nous, on va retracer la musique de Depeche Mode via leurs pochettes de disques !

Lire les autres épisodes de la Cover Story Depeche Mode :

Depeche Mode : Cover Story #2 (1986-1990)
Depeche Mode : Cover Story #3 (1993-2001)
Depeche Mode : Cover Story #4 (2005-2017)

Speak and Spell (1981) : quand ton graphiste a pris trop de drogues, c’est un cygne

La carrière de Depeche Mode a ceci de particulier que le groupe, contrairement à nombre de ses pairs, a su résister aux sirènes des majors et signer sur un tout petit label (à l’époque), Mute Records, lui garantissant une certaine liberté. Ça ne les a malheureusement pas protégés des réalisateurs de clips n’ayant pas la moindre idée de ce qu’ils tournent, et des directeurs artistiques qui ont un peu abusé de la drogue. On est dans les années 80.

Depeche Mode Speak And Spell1

Ainsi, quoi de mieux pour décrire visuellement la pop synthétique méticuleuse et acidulée de leur premier album Speak and Spell ? Cette version bubble gum de Kraftwerk aux chansons finement ciselées par Vince Clarke ? Ces lignes mélodiques imparables (Just Can’t Get Enough, New Life, Photographic…) ? Un cygne. Emballé dans du cellophane. Sous un ciel rouge. Les ravages de la cocaïne.

Depeche Mode Speak And Spell2

Au dos, une inscription : « Synthetics and voices by Depeche Mode ». Contrairement à pas mal de leurs collègues de Top 40, Depeche Mode n’est pas un groupe de rock avec un synthé, pas même un combo électro pop avec une guitare. Ça changera. Les chansons sont toutes signées Vince Clarke, sauf deux. Ça changera aussi.

Depeche Mode Speak And Spell3

A Broken Frame (1982) : un groupe fauché en plein vol

Dès la sortie de Speak and Spell, Vince Clarke, qui est juste le compositeur de 80% du premier album, donc, annonce son départ. Martin L. Gore prend le relai, presque naturellement, et Depeche Mode se voit contraint de grandir en accéléré.

Depeche Mode A Broken Frame3

A Broken Frame est un album entre-deux. Martin Gore se fait la main entre ses compositions adolescentes un peu bêtes (The Meaning Of Love, A Photograph of You), et de nouvelles où s’éveillent sa noirceur et sa mélancolie. Le disque s’ouvre sur une chanson de rupture, Leave In Silence. C’est peut-être involontaire, mais c’est bien placé !

Depeche Mode A Broken Frame1

Malgré l’incident du cygne, le groupe a gardé Brian Griffin, et à raison. Sa pochette, réalisée avec le graphiste Martyn Atkins, esquisse une nouvelle facette visuelle de Depeche Mode, empruntée à l’imagerie soviétique. Une femme dans un champ de blé, faucille à la main et une lumière incroyable, non retouchée selon l’intéressé.

Depeche Mode A Broken Frame2

Dans la pochette intérieure, ou sur le label, on voit apparaître des motifs stylisés, presque des pictogrammes de propagande. Une conscience politique s’éveille sur Shouldn’t Have Done That, sur fond de bruit de bottes, et sur la plage finale, The Sun and The Rainfall, un bijou à redécouvrir (y’a une playlist en bas !). On a commencé par une rupture, on finit sur un appel aux consciences : « Things must change ! ». La révolution est en marche.

Construction Time Again (1983) : you’ve got to work hard

Depeche Mode sont à nouveau quatre. Ils l’étaient déjà, en fait, mais Alan Wilder, qui les accompagnait sur scène, n’avait pas eu le droit de participer à l’enregistrement de A Broken Frame. Wilder officiellement intégré au groupe, il apporte ses influences industrielles et durcit le son.

Depeche Mode Construction Time Again1

Construction Time Again annonce la couleur : c’est un ouvrier musclé qui brandit une massue. Des montagnes escarpées. Et un thème qui va s’avérer récurrent chez Depeche Mode : TAPER SUR DES TRUCS POUR FAIRE DES BRUITS MÉTALLIQUES !

Depeche Mode Construction Time Again3

L’influence « poster de propagande » continue : les textes sont inclinés, parallèles à l’orientation de la montagne. On retrouve les pictogrammes et, sur la pochette intérieure, des illustrations aux lignes anguleuses.

Depeche Mode Construction Time Again4

Cette fois-ci, l’imagerie est plus qu’une façade : Construction Time Again est l’album le plus politique de Depeche Mode, aux textes traversés d’observations sur le monde, le capitalisme (le classique Everything Counts), la guerre et la géopolitique, 34 ans avant Spirit qui revisite cet angle après une longue pose introspective. Mais ne brûlons pas les étapes : on reparlera de Spirit dans la dernière partie.

Some Great Reward (1984) : le monde dans lequel on vit et la vie en général

Devant une usine froide et nocturne, un couple de jeunes mariés. Some Great Reward amorce un autre tournant dans la carrière de Depeche Mode, et dans l’écriture de Martin L. Gore. L’engagement est toujours là, mais s’enrichit désormais des expériences du compositeur, installé à Berlin. La politique se mêle aux relations et au sexe, les slogans deviennent peu à peu des interrogations, des inquiétudes.

Depeche Mode Some Great Reward1

La musique, elle aussi, s’exporte du côté du mur : l’album est enregistré aux studios Hansa, ceux de Heroes de Bowie. Encore plus dure et industrielle, elle donne aux tubes People Are People et Master and Servant des allures de machine de guerre, une machine qui commence à conquérir le monde. L’internationale Depeche Mode étend son emprise.

Depeche Mode Some Great Reward4

La pochette délaisse un peu l’imagerie communiste pour un style plus technique et froid. Schémas de pièces, écrous et boulons et, au dos, une citation, comme une déclaration d’intentions : « The world we live in and life in general », extraite de Somebody, première ballade introspective de Martin. Et pas la dernière !

Depeche Mode Some Great Reward3

Bonus : la playlist Cover Story

Comme parler de musique, c’est bien, mais en écouter, c’est mieux, voici une playlist pour accompagner cet article. Il y a des tubes, parce qu’il en faut, et des titres un peu moins connus.

  1. Puppets (1981)
  2. My Secret Garden (1982)
  3. Everything Counts (1983)
  4. People Are People (1984)
  5. Lie To Me (1984)
  6. Just Can’t Get Enough (1981)
  7. Leave In Silence (1982)
  8. Nodisco (1981)
  9. The Landscape Is Changing (1983)
  10. It Doesn’t Matter (1984)
  11. Blasphemous Rumours (1984)
  12. The Sun & The Rainfall (1982)
  13. And Then… (1983)

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Ecouter sur Apple Music

Lire les autres épisodes de la Cover Story Depeche Mode :

Depeche Mode : Cover Story #2 (1986-1990)
Depeche Mode : Cover Story #3 (1993-2001)
Depeche Mode : Cover Story #4 (2005-2017)

 

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Comments

3 réponses à « Depeche Mode : cover story #1 (1981-1984) »

  1. Avatar de Depeche Mode : Cover Story #2 (1986-1990) – 42 rpm

    […] la première partie de cette Cover Story, c’est par ici […]

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  2. Avatar de Depeche Mode : Cover Story #3 (1993-2001) – 42 rpm

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  3. Avatar de Depeche Mode : Cover Story #4 (2005-2017) – 42 rpm

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