OnePlus et Huawei, via sa marque Honor, ont choisi d’occuper l’espace médiatique de l’été pour lancer leurs nouveaux smartphones, avant qu’il ne soit monopolisé par les géants Apple et Samsung. Le Honor 9 et le OnePlus 5 sont les derniers nés de deux gammes qui cherchent depuis plusieurs années à démonter l’idée qu’un téléphone haut de gamme est forcément cher. Que reste-t-il aux « vrais » ?
La question n’est d’ailleurs pas si nouvelle. Ca fait honnêtement près de deux ans que les lignes sont de plus en plus floues, et il n’y a rien de surprenant à ça. Elles ne l’étaient pas encore à la sortie du Honor 6, à une époque où on ressentait encore une frontière entre le « low cost » et le haut de gamme. Frontière mise à mal par les Nexus 4 et 5 de Google et LG, mais ces derniers faisaient encore figure d’exception. Pour un « vrai » haut de gamme, le ticket d’entrée demeurait au dessus de la barre des 600 voire 700 euros, en dessous de laquelle les compromis étaient encore nombreux.
En me mettant à la place d’un utilisateur lambda qui n’a pas forcément besoin de se rassurer sur les performances brutes de son smartphone, j’ai de plus en plus de mal à voir dans les « flagships » quelque chose qui les distingue réellement de ce segment de milieu de gamme qui tire vers le premium. De l’Asus Zenfone 3 à la série A (voire la série J) de Samsung, du Moto G5 Plus au Honor 8 Pro, la plupart des chasses gardées des haut de gamme ont sauté. Les écrans sont sans doute inégaux mais tous au moins d’une grande lisibilité, les performances en usage général sont à peu près similaires, les designs et les matériaux se sont « premiumisés » et l’autonomie d’un ZenFone 3, pour ne citer que lui, rendrait jaloux un utilisateur d’iPhone.
Est-ce cette absence de différenciation qui pousse les constructeurs à aller chercher des arguments de vente ailleurs ? LG a essayé la modularité avec le G5, et ça n’a pas marché. Motorola/Lenovo a tenté le même coup, avec visiblement un peu plus de succès, mais je n’ai pas l’impression que les Moto Z et leurs Moto Mods se soient arrachés. La tendance de 2017 est aux écrans « borderless », et le Galaxy S8 est indéniablement une superbe prouesse d’intégration. Concrètement, en revanche, au delà de l’effet « wow », qu’est ce que ça apporte vraiment ?
Le Honor 9, dernier né de Huawei, enfonce le clou. Comme son prédécesseur, il arrive quelques semaines après le dernier « flagship » du géant chinois, qu’il cannibalise à peu près intégralement. La dernière puce de Huawei, le Kirin 960, l’anime, le double appareil photo est là, le capteur d’empreinte frontal aussi. On pourrait même trouver son design plus séduisant pour peu que l’on préfère le verre et ses effets irisés au métal du P10.
Il y a tout de même un bémol à ce mouvement du milieu de gamme vers le premium : les prix, eux aussi, commencent à le titiller. Car si le Honor 6 trahissait son côté low cost, son prix ne dépassait pas les 300 euros. Pour le Honor 9, on atteint les 430, certes avec une nette hausse des caractéristiques techniques, et une ODR pour le ramener à 399 euros. C’est sans doute une bonne affaire. Le seuil psychologique des 300 euros était tout de même un argument choc.
L’inflation touche l’autre trublion du haut de gamme mobile, OnePlus. Le constructeur avait jusqu’ici misé sur un modèle original de flux tendu : chaque nouveau OnePlus était vendu initialement sur invitation avant que les vannes ne soient ouvertes. Un moyen de maîtriser la production, et les coûts : le OnePlus 1 avait fait sensation en proposant, lui aussi sous le nombre magique ce qu’un Samsung ou un HTC vendait à un prix beaucoup plus élevé.
Trois générations plus tard – ne cherchez pas le OnePlus 4 – le OnePlus 5 se veut toujours « flagship killer », et sa fiche technique, sur le papier, n’a rien à envier aux meilleurs smartphones de 2017. Le prix, en revanche, s’en approche beaucoup plus : de 269 euros pour le OnePlus 1, on est passé à 499 euros pour la version 64 Go du OnePlus 5, et 559 euros pour le modèle 128 Go. C’est toujours moins cher, mais un « moins cher » qui claque un peu moins !
D’autant plus que OnePlus, qui signe visiblement un smartphone une fois de plus réussi dans l’ensemble, semble avoir mal géré ses priorités : au lieu d’optimiser son smartphone pour qu’il ressorte en premier dans les benchmarks, le constructeur aurait peut-être mieux fait de passer un peu plus de temps sur sa partie photo, qui pêche en faible luminosité selon les premiers tests.
Et elle est peut-être là, la chasse gardée des smartphones haut de gamme : sur la certitude d’obtenir des images de bonne qualité dans n’importe quelle conditions. Souvent tenté de rétrograder sur un de ces modèles moins cher, c’est toujours le point qui m’a rebuté. Mon smartphone est mon unique appareil photo. Je n’ai pas envie d’acheter un compact, et je n’ai pas de reflex pour les grandes occasions. Je veux des belles photos de jour, de nuit, dans une salle de concert, dans la rue ou à la montagne. Et malgré les promesses des constructeurs, il y a encore un fossé perceptible entre les meilleurs smartphones de Samsung ou les derniers iPhone, et des Honor ou OnePlus parfois inégaux.
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