Dans Cover Story on s’intéresse à un album via le spectre de sa pochette. Et dans le cas de Liam Gallagher, le turbulent petit frère des ex Oasis, tout revient, comme souvent, à sa gueule et à son égo.
AS YOU WERE
Le premier album solo de Liam Gallagher s’appelle As You Were. Voici ce que le Collins English Dictionary définit cette expression, qui n’a probablement aucun rapport, mais c’est amusant :
a. military command to withdraw an order, return to the previous position, etc
b. a statement to withdraw something just said
Liam Gallagher n’est pas du genre à retirer quelque chose qu’il vient de dire, en fait, il perdrait facilement le décompte, tant il écrit à peu près tout ce qui lui passe par la tête sur son compte Twitter, généralement en rapport avec son grand frère. Petit florilège.
A platform to get mouthy I was asked to do something for charity with my fam not supermodels and squares get a grip as you were LG x
— Liam Gallagher (@liamgallagher) 31 octobre 2017
Just heard Dollys version of champagne supernova in Brazil somebody needs to have a word its really upsetting as you were LG x
— Liam Gallagher (@liamgallagher) 21 octobre 2017
You can stick your triangles up your arse I am the circle as you were LG x
— Liam Gallagher (@liamgallagher) 10 octobre 2017
Lots of big mouths on here private accounts let’s see your face ya shit bags as you fucking were LFUKING x
— Liam Gallagher (@liamgallagher) 29 septembre 2017
As You Were, sans qu’on sache trop ce que ça signifie, est la ponctuation de Liam Gallagher. C’est devenu une marque, indissociable de l’ex-chanteur d’Oasis. Et même en annonçant le titre de son nouvel album, on se demandait si c’était une blague ou s’il avait vraiment eu le génie de nous l’imprimer dans le cerveau depuis des mois. AS YOU WERE.
AS YOU WERE
C’est le premier effort solo de Liam, qui jusqu’ici s’était planqué dans un groupe, Beady Eye, fondé sur les ruines de ce qu’était devenu Oasis. Beady Eye n’est plus, Gem et Chris Sharrock sont retournés chez Grand Frère, et Andy Bell parti refonder Ride. Liam est seul, et la pochette de son album est une déclaration d’intention. Sa gueule et son nom en grand.
Pas de photo floue pour se cacher, pas de nom de pseudo groupe accolé avec une apostrophe, pas de second degré. C’est Liam Gallagher qui vous regarde dans les yeux, presque une affiche de combat de boxe avec son côté papier froissé.
As You Were est partout. En tout petit au dos. Sur la pochette intérieure. L’album est « a AS YOU WERE production ». Ce n’est plus un slogan, c’est un mantra. Et ce même si on ne sait toujours pas plus ce que ça signifie. L’idée est plantée, c’est l’essentiel.
AS YOU WERE
L’image est signée Hedi Slimane, peut-être une manière de signifier que As You Were, c’est du sur mesure pour sa bobine. À l’intérieur, Liam capturé dans sa pose naturelle et iconique: la tête en arrière, le micro surélevé, les cordes vocales qui poussent. Tel qu’il est. AS YOU WERE.
Parce qu’aussi frontal et brut de décoffrage soit son créateur, le premier album du petit frère surprend : de ce hooligan au coeur tendre, on attendait des grosses guitares, un producteur a cachet indé, un peu de chaos. Liam, lui, a choisi Greg Kurstin, un collaborateur de Lily Allen, Kesha, Foster The People ou Kylie Minogue et une « armée de compositeurs », comme dit Big Noel, ayant fait leurs armes chez Mark Ronson, Bruno Mars ou Lorde.
AS YOU WERE
Le choix est étonnamment payant. As You Were est un disque de pop rock classe, efficace, aussi carré que sa pochette, un peu sucré mais pas trop, sortant parfois l’artillerie mais préférant (forcément) les ambiances acoustiques d’un Lennon en solo. Ca n’est pas Plastic Ono Band, mais la sélection des collaborateurs est plus pertinente qu’elle en a l’air : des artisans aguerris, parfaits pour façonner des mélodies qui lui vont comme une parka.
C’est du Liam dans son jus. Les textes multiplient les clins d’oeil aux Beatles, la subtilité n’est pas son fort, et quelques titres penchent dangereusement vers le pastiche d’Oasis, l’affreux Greedy Soul en particulier. Mais quand la magie opère, elle donne For What It’s Worth, une belle ballade parfaitement calibrée, et un texte en forme d’excuse sans virer à l’autoflagellation. C’est Liam G, quand même. Désolé si j’ai pu vous heurter, mais « ne faisons pas comme si tu cherchais un saint, parce que j’ai été crucifié pour le simple fait d’être en vie ». Ou l’étonnante chanson de clôture, I’ve All I Need, écrite sans l’aide de personne pour la peine, et son refrain euphorique. « J’ai tout ce dont j’ai besoin, et plus. ». Liam se suffit à lui-même, et à vrai dire, ce petit album est tout ce dont on avait besoin de sa part. AS YOU WERE.
La playlist AS YOU WERE
- Wall of Glass
- Bold
- For What It’s Worth
- Come Back To Me
- I’m All I Need
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